La société contre elle-même

12  décembre 2005 | par Roger Sue

ou la résistible monte du totalitarisme

Après "Cause Commune" de Philippe Aigrain et "Pourquoi ça ne va pas plus mal ?" de Patrick Viveret, Roger Sue nous amène dans "La société contre elle-même" à revisiter les soit disant "mauvaises nouvelles" de notre époque et nous insuffle des raisons de résister.

Ce livre entend exposer, éclairer, et si possible contribuer à dénouer un étonnant paradoxe de nos sociétés modernes : comment, dans l’actualité d’aujourd’hui, même une bonne nouvelle se transforme systématiquement en une mauvaise, ce qui finit par accréditer l’idée du déclin, de la décadence et de la décomposition sociale, exigeant d’urgence un traitement de choc ? Comment est-on arrivé à faire croire à un corps sain qu’il était si gravement malade qu’il finit par le devenir ? Est-il encore temps de réagir et comment ? Nombre de grands dossiers actuels comme la mutation du travail, la nature du développement économique, la recomposition du lien social ou la question démocratique, peuvent être revisités sous cet angle. Ainsi, la sortie annoncée de sociétés essentiellement fondées sur le travail vers des sociétés plus libres, plus diverses, plus développées et toujours plus riches devrait-elle, à juste titre, passer pour une bonne nouvelle. Or, nous avons réussi l’exploit d’en faire le grand mal du monde industrialisé avec son cortège de chômage, de précarité et de misère. De même, un développement économique plus centré sur le capital humain, la formation, la santé, le lien social, et finalement sur l’individu et son bien-être, est-il riche de promesses. Or, c’est tout le contraire qui se produit : la santé et la formation ne sont pas les ressorts d’une nouvelle croissance mais des charges budgétaires insupportables qu’il convient de limiter ou de réduire au plus vite pour ne pas pénaliser les entreprises " productives ". On pensait aussi que, dotés d’un plus grand capital culturel et forts des nouvelles technologies de communication à leur disposition, les individus allaient multiplier leurs relations, renforcer le lien social et participer plus activement à la construction d’une société plus démocratique. Là encore, c’est exactement l’inverse : le lien social semble se décomposer, l’individualisme règne, la violence prospère, la critique de la classe politique devient un grand classique et l’abstention bat tous les records, mettant en danger la démocratie. Comment en est-on arrivé là ? Comment a-t-on réussi à transformer des solutions en problèmes ? Pour y répondre, l’auteur propose un nouveau regard sur les causes de ce paradoxe qui mêle retard culturel, absence de recul et de perspective historique, conservatisme politique et défense des privilèges des élites que le discours de la peur ou la politique du pire semblent trop bien servir. Contre l’intérêt de la société elle-même.